Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

2 MARIE-ANTOINETTE

» Quant au Roi, il faut répéter encore ce que l’on ne saurait trop dire : on lui rendra sa couronne et le pouvoir, et les avantages qu'il trouvera dans la constitution, lorsqu'elle sera réellement exécutée, seront sans proportion avec ce qu'il aurait pu croire jusqu'à ce moment. Mais ce que lui-même doit obtenir, ce que la loi ne donne pas, c’est la considération et la confiance ; elle tient surtout aux moyens qui lui ont été indiqués. Les efforts auprès des émigrants ne suffisent pas si l’on ne s’occupe également de négocier auprès des puissances pour leur faire reconnaître notre constitution. En les déterminant à ce parti, le Roi n’en retirera pas seulement l'avantage de ramener à lui la confiance de la nation, il y trouvera aussi le plus puissant moyen de déterminer les émigrants et les princes. S'ils demeurent sans secours, si au moins les puissances alliées de la France les abandonnent, ils seront réduits à renoncer à toutes les idées folles qui, en éloignant leur retour, perpétuent les troubles dans ce pays-ci, et, en venant se réunir au Roi, ils augmenteront encore la considération qu'il est si nécessaire de lui rendre.

» Il est important pour la Reine que le succès de ces vues auprès de son frère lui soit dû. Elle doit se décider promptement à faire une démarche pour le déterminer. La personne qui se charge de ce billet peut y être employée. On lui remettrait un mémoire; il sera facile de prendre des mesures pour que la