Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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qu’elle juge nécessaire de dire pour se conformer à cette recommandation de ses conseillers :

« L'on désire, mon cher frère, que je vous écrive et l’on se charge de ma lettre, car pour moi je n'ai aucun moyen de vous donner mème des nouvelles de ma santé. Je n’entrerai point dans les détails qui ont précédé notre départ. Vous en avez connu tous les motifs. »

Puis elle continue en suivant le texte du projet modifié par elle :

« Pendant les événements qui ont accompagné notre voyage, et dans la situation qui à suivi notre retour à Paris, j'ai été livrée à de profondes impressions. Revenue de la première agitation qu’elles avaient produite, je me suis mise à réfléchir sur ce que j'ai vu et cherché à démêler quels étaient, dans l'état actuel des choses, les intérêts du roi et la conduite qu'ils me prescrivaient. Mes idées se sont fixées par une réunion de motifs que je vais vous exposer.

» Je n’ai jamais cessé de compter sur vos sentiments pour moi, dans des circonstances à l'issue desquelles était attachée la destinée de ma vie. Mais j'ai éprouvé une bien douce satisfaction lorsqu’après avoir longtemps réfléchi sur nos rapports mutuels, il m'a semblé que dans la conduite que tout nous prescrivait de suivre, les intérêts du Roi se trouvaient intimement liés à ceux de mon frère.