Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

76 MARIE-ANTOINETTE

» La situation des affaires a beaucoup changé ici depuis les événements occasionnés par notre voyage. L’Assemblée nationale était divisée en une multitude de partis. Bien loin que l’ordre parût se rétablir, chaque jour voyait diminuer la force des lois.

» Le Roi, privé de toute autorité, n’apercevait pas même la possibilité de la reprendre à la fin de la constitution par l'influence de l’Assemblée Nationale, puisque chaque jour l’Assemblée perdait ellemême le respect du peuple. Enfin il était impossible d’apercevoir un terme à tant de désordre.

» Aujourd’hui les circonstances donnent beaucoup plus d'espoir. Les hommes qui ont le plus d'influence sur les affaires se sont réunis et se sont prononcés ouvertement pour la conservation de la monarchie et du Roï et pour le rétablissement de l’ordre. Depuis leur rapprochement, les efforts des séditieux ont été repoussés avec une grande supériorité de force. L'Assemblée Nationale a acquis dans tout le royaume une consistance et une autorité dont elle parait vouloir user pour établir l'exécution des lois et fixer la révolution ; les hommes les plus modérés parmi ceux qui n'ont cessé d’être opposés à ses opérations s’y réunissent en ce moment parce qu’ils y voient le seul moyen de jouir en sûreté de ce que la révolution leur a laissé et de mettre un terme à des troubles dont ils redoutent la continuation. Enfin tout parait se réunir pour amener la fin des agitations et