Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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FÉRSEN ET BARNAVE 71 des mouvements auxquels la France est livrée depuis deux ans.

» Cette terminaison naturelle et possible ne donnera pas absolument le degré de force à l’autorité que je crois qu'il lui serait nécessaire, mais elle nous préservera de plus grands malheurs ; elle nous placera dans une situation plus tranquille, et lorsque les esprits seront revenus de cette ivresse dans laquelle ils sont actuellement plongés, peut-être sentira-t-on l'utilité de donner à l’autorité royale une plus grande étendue.

» Voilà, dans la marche que les choses prennent d’elles-mèmes, ce qu'on peut apercevoir pour l’avenir; je compare ce résultat avec ce que pourrait donner une conduite opposée au vœu que la nation minifesie, je vois une impossibilité absolue à rien obtenir autrement que par l’emploi d’une force supérieure. Dans cette dernière supposition je ne parlerai pas des dangers personnels que pourraient courir le Roi, son fils et moi. Mais quelle entreprise que celle dont l’issue est incertaine et dont les résultais, quels qu’ils fussent, présentent de tels malheurs qu'il est impossible d’y arrêter les regards.

» On est ici déterminé à se défendre. L'armée est en mauvais état par le défaut de chefs et de subordination, mais le royaume est couvert d'hommes armés et leur imagination est tellement exaltée qu'il est impossible de prévoir ce qu’ils pourront faire et