Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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le nombre des victimes qu’il faudrait immoler pour pénétrer au sein de la France. On ne saurait calculer d'ailleurs, quand on voit ce qui se passe ici, quels seraient les effets de leur désespoir. Je ne vois dans les événements que présenterait une telle tentative que des succès douteux et la certitude de grands maux pour tout le monde.

» Quant à la part que vous, mon cher frère, pourriez y prendre, ce serait un grand sacrifice que vous feriez à nos intérêts, sans quoi les dangers pour nous seraient d'autant plus grands qu'on nous suppose vous avoir influencé.

» Il est peut-être un moyen par lequel on pourrait, en suivant la seule conduite que les circonstances semblent indiquer, servir mieux vos intérêts et concourir aux nôtres avec plus d'activité.

» Si la révolution se termine comme je lai annoncé, il importe que le Roi obtienne d’une manière solide la confiance et la considération qui seules peuvent donner une force réelle à l'autorité royale. Aucun moyen n’est plus propre à les lui procurer que l'influence que nous pourrions avoir dans vos déterminations, qui contribueront à assurer la paix à la France et faire disparaitre des inquiétudes d'autant plus fâcheuses pour tout le monde qu'elles sont un des principaux obstacles au rétablissement de la tranquillité publique. La part que nous aurons eue ainsi à la cessation des troubles nous concilie-