Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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rait tous les esprits modérés, tandis que les autres, et particulièrement les chefs de la révolution, seront également gagnés à nous par la volonté sincère et efficace que nous aurons montrée de conduire les choses à un terme qu ils ne peuvent que désirer tous.

» Les intérêts de mon frère me paraissent être servis par ce système. L'Assemblée Nationale, avant de se séparer, voudra, de concert avec le Roi, déterminer les alliances auxquelles la France doit rester attachée, et la puissance de l’Europe, qui la première reconnaitra la constitution, après qu’elle aura été acceptée par le Roi, sera sans doute celle avec laquelle l'Assemblée sera disposée à former l'alliance la plus étroite. À ces vues générales de convenance, je pourrais ajouter les moyens que j'ai de disposer les esprits en faveur de cette alliance, moyens qui seraient de beaucoup fortifiés si vous partagiez ma manière de voir sur les circonstances actuelles.

» Je ne puis douter que les chefs de la révolution, qui ont soutenu le Roi dans la dernière circonstance, ne veuillent lui assurer la considération et le respect nécessaires à l'exercice de son autorité, et que les autres ne soient, dans l’union étroite avec la France, d'une puissance à laquelle le Roï, par moi, est attaché par les liens du sang, un moyen de combiner $a dignité avec les intérêts de la nation, et par là de consolider et d’affermir une constitution dont ils