Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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d’apaisement que lui prodigue sa sœur dans sa lettre, viennent à propos pour justifier son inaction, son manque d’empressement d'aller au secours du Roi et de la Reine de France, ainsi que le lui demandent les princes émigrés. Il y a, il est vrai, la Prusse à considérer. Son roi, féru d’illuminisme et de rêves humanilaires, semble assez disposé à prêter l'oreille aux instances des frères de Louis XVI, qui lui représentent que le Roï et la Reine sont prisonniers de Ja démagogie qui outrage la royauté en leurs personnes. Il ne faut pas que la Prusse devance l’Autriche dans l’œuvre de venger ces outrages, de défendre la dignité royale en restaurant la monarchie en France. Mais Léopold IT, tout en se méfiant des hallucinations mystiques de son confrère de Prusse, sait que la politique prussienne ne fait jamais rien Pour rien; elle ne se prêterait à aucune combinaison qui ne lui offrit des avantages matériels assurés, une augmentation de territoire en perspective. A cet égard, la Prusse comme l'Autriche ont tout intérêt à attendre. On interviendra de concert quand le moment sera venu et le fruit sera mûr.

Telle est, en effet, la politique que l'Empereur fit adopter à l’entrevue de Pillnitz. De là la fameuse clause : «alors et dans ce cas » mise comme condition de l'intervention de l'Autriche et la Prusse dans les affaires de France. En subordonnant cette intervention à un accord préalable des puissances —