Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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pour moi d’éclaircir. Vous dites qu'il y a tout plein d'agents se disant chargés par nous de commissions pour vous. Qui sont ces agents? Je voudrais savoir leurs noms et il me sera facile de prouver leur fausseté. À nous aussi on nous dit des choses absurdes et nous n'y Croÿyons pas.

» Vous savez, au reste, quels sont mes sentiments. Pendant que vous étiez encore avec nous, je ne vous en ai rien caché. Quant à ce que vous me dites sur les gazettes et les propos qu'on tient sur le parti de la reine et le parti des princes, il y a longtemps que je sais toutes les menteries et toutes les absurdités qui se débitent à ce sujet. Elles ne pourraient m'affecter que si je n'étais pas sûre du cœur de mes deux frères et de la justice qu'ils doivent rendre à mes sentiments. Ils ne peuvent être différents des leurs, puisque nous poursuivons le même but, qui est le bonheur du Roi et de notre pays commun. Il n’y a que la différence de manière, qui tient à ce que je vois de plus près les choses et puis mieux juger la position, la convenance, la possibilité et l'impossibilité de tel ou tel projet. Quant aux injustices de tous ceux qui sont dehors et voient les choses de loin, tous ces propos ne m'affectent pas; je trouve qu’on a assez de soucis pour ne pas s’affecter de celui-là. Ce sont des gens aigris par le malheur, qui ne savent à qui s’en prendre. Ils ne m'empècheront pas d'aller droit mon chemin et de faire ce que je crois être mon devoir. Si