Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 89

avant l’entrevue de Pilinitz et la lettre collective des princes à leur frère qui devaient lui ouvrir complèment les yeux sur la perfidie de leurs desseins, mais déjà leur attitude à Coblentz et les insinuations COntenues dans leurs lettres l'avaient convaincue qu’elle ne pouvait avoir en eux aucune confiance, el que toute démarche, tendant à les fairerentrer en France, serait mal interprétée et vaine. Après Pillnitz, où les princes émigrés avaient en quelque sorte dépossédé Louis XVI du trône, en le déclarant incapable de le défendre, après la lettre collective dans laquelle ils refusaient de lui obéir et de rentrer en France, le conjuraient de ne pas accepter la constitution, affirmant que toute l'Europe allait accourir à sOn SeCOUTS, et concluaient : (Un grand forfait n’est pas à craindre, parce que tout Paris sait qu'à l’instant mème des armées puissantes viendraient fondre sur la ville impie », Marie-Antoinette, qui avait vu les journées du 5 et 6 octobre à Versailles, les incidents du retour de Varennes, les démonstrations populaires à Paris, qui savait que ce « grand forfait » était inévitable si les frères du Roi poursuivaient leurs desseins de faire envahir la France par l'étranger, avait enfin compris que, pour eux, ce n’était pas trop de la tête du Roi pourvu que leur cause triomphät.

D'accord avec le Roi elle avait tout fait pour leur faire abandonner cette entreprise et rentrer en France. Mais, après la mission secrète de Goguelat,