Mémoire sur la Bastille

LINGUET 123

événemens étant toujours, en France, l’époque de Ja rémission des crimes, l’idée me vint que celui-là pourroit être favorable à l'innocence. J’écrivis une courte lettre à M. le comte de Maurepas : connoissant son caractère, j’eus la force de la faire gaie, et presque plaisante, Il en avoit paru touché : il s’étoit montré disposé à seconder la voix publique, déterminée enfin en ma faveur. Ce changement dans ses dispositions ne me fut pas caché ; mais, de peur qu’il n’en résultât des illusions trop consolantes, on eut soin de m’apprendre en même temps qu'il étoit mort, et mort sans avoir rien fait pour moi.

Enfin, en décembre 1781, ma constitution cédant à tant de maux et d'épreuves; les manipulations physiques et chimiques, qui depuis quinze

Louis-Joseph-Xavier-François (22 oct. 1781— 4 juin 1789).

Le tome LIX des Lettres de MM. les magistrats au gouverneur de la Bastille (Bib. nat., msc. fr. 14060) renferme, à la date du 19 décembre 1778, une lettre officielle de Le Noir, lieutenant général de police, à de Launey, pour lui annoncer que la reine avait accouché d’une fille, et lui rappeler la part que la tradition attribuait au gouverneur de la Bastille dans les « fêtes et réjouissances publiques ». Avant l'accouchement, de Launey avait reçu d’un deses amis, probablement Boucher, le billet suivant : « Dérouillez vos outils, Monsieur et bon ami, la reine est prête à bien faire. 11 est question de tirer en bon tireur, et que le feu de la Bastille soit le meilleur de tous les feux possibles. Bonjour, mon ami, et bonne santé. » (Autographe daté du 19 décembre 1778, non signé, méme recueil.)