Mémoire sur la Bastille

128 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

avec un premier commis qui a intérêt personnellement de la perdre : on la remet à la Bastille,

Un subalterne est accusé d’avoir commis des faux dans le maniement des affaires d’une grande maison, mais des faux d’une espèce qui assurément n’intéressoient pas la monarchie; on le met à la Bastille.

Voilà le sort qu’ont eu Mne de Saint-Vincent, la dame Roger, le sieur Le Bel! : étoient-ce là des

1. Sur ME de Saint-Vincent, voyez les Dernières Armes de Richelieu, par Mary-Lafon. Le vieux maréchal avait eu la faiblesse de payer les faveurs de cette dame, femme légitime d’un magistrat, en lui signant pour 300,000 livres de billets, Elle eut l’audace, avec l’aveu et l’appui de son mari et de sa famille, de réclamer ce qui n’était et ne pouvait être que pretium stupri. Le Parlement se tira de cette épineuse affaire en déclarant faux les billets, sans désigner ni punir le faussaire. Mais Parrèt du 7 mai 1777 (151 p. in-4°) ne réunit que quatre voix de majorité sur 160 suffrages exprimés. ME de Saint-Vincent était sortie de la Bastille sur l’ordre de Maurepas, le 30 juillet 1774. (Bib. nat., mSC. 14059.)

— La dame Roger fut accusée de servir de prête-nom aux jésuites pour leurs opérations financières; elle se justifia d’abord par la déclaration d’un sieur Parent, qui en avait fait sa maïtresse. Mais celui-ci fit banqueroute, et réclama 900,000 livres à la dame, dont la position avouable était des plus modestes. Dans le jugement, Parent fut admonesté, et un plus ample informé prononcé contre la dame Roger ; celle-ci sortit de la Bastille la première fois le 21 février 1777 (ordre de Bertin), la seconde fois en même temps que Parent, sur l’ordre d’Amelot, daté du 24 juin 1779. (Bib.nat., msC. 14059.)

— Le Bel était commis à la surintendance des finances