Mémoire sur la Bastille

LINGUET 129

prisonniers d’État? Quel étoit donc l’objet du régime funéraire auquel on les soumettoit ?

Tous ont été renvoyés devant les juges ordinaires; mais, à l'instant du renvoi, on n’avoit pas la preuve de leur innocence : bien loin de là, on doit croire qu’elle paroissoit plus problématique, puisqu'on les livroit aux lenteurs dispendieuses de la justice régulière et à une accusation réfléchie, intentée, approfondie dans les formes. Il falloit donc que les éclaircissemens antérieurs à leur renvoi leur fussent plus contraires que favorables : ils étoient donc, en sortant de ce gouffre funeste, plus suspects qu’en y entrant; et cependant c’est à leur entrée qu’on les accable du régime de la maison! Ce n’est que quand on a plus de droit de les présumer coupables qu’on les en affranchit ! On leur rend une demi-liberté, quand on les aban-

du comte d'Artois. Accusé de détournements, il dénonça : 1° le chancelier garde des sceaux, surintendant des maison, finances et bâtiments du comte d’Artois depuis 1773, le conseiller d’État Bastard; 20 M. Radix de Sainte-Foix, qui, depuis 1776, était surintendant, Bastard ayant gardé la moitié de la charge, la chancellerie. La culpabilité de Bastard et de Sainte-Foix fut établie, mais Bastard mourut pendant l'instruction, en janvier 1780 (d’après une note manuscrite relevée sur un Almanach royal de l’année 1780). Sainte-Foix fut condamné, mais obtint des lettres d’abolition. Depuis 1781, de Monthion et de Verdun remplirent les charges, l’un de chancelier, l'autre de surintendant, Quant à Le Bel, son ordre de sortie fut signé par Amelot le 3 mai 1779. (Bib. nat., msc 14059.)

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