Mémoire sur la Bastille

174 NOTES

5 importe de donner aux plus méprisables satellites sur la vie de tous ses sujets, sans distinction, un droit qu’il frémiroit de s’arroger à lui-même, et il est démontré cependant que c’est là le fruit nécessaire du régime de la Bastille,

28. P. 106. À M. Raymond Gualbert de Sartines. — Ce n’est pas, à la vérité, l'horloge seule que M. Raymond de Sartines, etc., a si ingénieusement reconstruite : l’inscrip= tion apprend qu’il a été aussi l’ordonnateur du bâtiment où cette machine est placée, bâtiment qui comprend la cuisine, les bains de madame la gouvernante, le chenil des porteclefs et du reste de la horde qu’on appelle l’état-major, excepté le gouverneur, qui, comme je l’ai déjà observé, loge au dehors, quoique sa cuisine soit au dedans et que madame s’y baigne; et ces bains ont des particularités au moins aussi remarquables que l’horloge.

Qu'une femme de gouverneur se lave dans un lieu ou dans un autre, rien ne semble plus indifférent, et rien, en effet, ne devroit l’être davantage ; mais, à la Bastille, tout a des conséquences, et elles sont toujours de

La baignoire de madame étant placée dans l’intérieur du château, pour y parvenir il faut traverser la cour, et par conséquent le seul espace qu’aient les prisonniers, comme je lai dit, pour se promener. Maïs ce sont ses laquais qui portent l’eau; il faut qu'ils entrent et qu’ils sortent, par conséquent chaque voie entraîne pour le promeneur, comme on l’a vu, un ordre de cabinet. (Voyez p. 107.)

Ensuite viennent les femmes de chambre : il faut porter les chemises, les serviettes, les pantoufles de madame ; tout seroit perdu si le reclus apercevoit le moindre de ces secrets de l’État : chaque importation produit donc encore un cabinet. Enfin arrive madame elle-même : elle n’est pas légère, sa° marche est un peu lente, l’espace à parcourir est assez long ; la sentinelle, pour faire sa cour et prouver son exactitude, crie « au cabinet » dès qu’elle l’aperçoit; il faut fuir, il faut rester au cabinet jusqu’à ce qu’elle soit rendue à sa baignoire; et, quand elle sort, sa retraite est accompagnée des mêmes formalités en sens contraire. Le reclus a de même à