Mémoire sur la Bastille

L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 185 On prétendit que nos pouvoirs étoient finis: nous n’en crûmes rien, et nous agîmes en conséquence, bien persuadés que de vrais citoyens ont toujours le droit de sauver la patrie. Mais où nous rassembler? car, depuis le départ de nos députés, les salles de l’archevêché et celles de l'Hôtel de ville nous étoient également interdites !. Craignant de perdre le fruit de nos premiers travaux, nous osâmes, le 25 juin de cette même année, sous l'œil vigilant des fauteurs du despotisme, plus inquiets que de coutume, nous osämes, au nombre de deux ou trois cents, nous réunir en plein jour dans la salle du musée de la rue Dauphine, espèce de cabaret? qui, tel que le

1. Les opérations électorales avaient été closes le 23 mai. Le 26, les électeurs tentèrent d'obtenir une salle de réunion à l'Hôtel de ville. Le prévôt des marchands de Flesselles, les échevins, le garde des sceaux de Barentin, le ministre de Paris de Villedeuil, furent unanimes à la leur refuser. Voyez leurs lettres officielles dans Chassin, ou. cité, t. III, p. 439441. Notons que, dès le 23 juillet, Mirabeau contestait à la tribune l'autorité légale des électeurs et du Comité permanent, et n’accordait à leur action que l’excuse des circonstances. >. Cette salle, qui précédemment avoit servi à des gens de lettres pour y tenir leurs séances, étoit alors louée par un traiteur, Nous la trouvàmes remplie par une noce de quatre-vingts convives. Ils ne surent pas plus tôt ce qui nous y amenoit, que les hommes, les femmes, et jusqu'aux enfans, disparurent, après nous avoir embrassés et félicités, (Dusaulx.)