Mémoire sur la Bastille

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teur pendant une captivité de cinq années, n’écoutant que sa reconnoissance, se, jeta dans ses bras et voulut le dégager. «Jeune homme, lui dit-il, vous allez vous perdre et je n’en mourrai pas moins. » Il n’en tint compte: il fit des prodiges de force et de courage; il se battit autour de son bienfaiteur jusqu’à ce qu’épuisé de fatigue et de sang il fut, à son tour, secouru par quelques-uns de ceux que son exemple avoit enflammés.

Nous apprimes encore et la mort de M. de Miray, aide-major, et celle de M. Person, capitaine de la compagnie des Invalides: le premier, tué dans la rue des Tournelles ; le second, sur le port au blé. Plusieurs autres éprouvèrent le même sort. Je parlerai ailleurs de l’infortuné Bécard et de son dévouement.

Quant au prévôt des marchands, il est sûr qu’il fut tué par un inconnu, d’un coup de pistolet, au coin du quai Pelletier; mais est-on sûr qu’avant de l’immoler on lui ait présenté une lettre écrite de sa propre main, et qui contenoit la preuve évidente de la plus noire perfidie? On nous l’a dit, on le répète encore, ce qui ne suffit pas pour l’affirmer, Doutons donc, doutons jusqu’à ce que cette importante lettre, que l'on cherche vainement depuis plus de six mois, nous ait été produite :.

1. Que Flesselles ait écrit ou non à de Launey : « J'a-