Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

SUR LE GÉNÉRAL GODART XVII libelles et proclamations dont il fallait arrêter la propagation. Une révolte eût été formidable dans cette armée de l'Ouest, bien que le général Ernouf, dans son inspection générale, ÿ trouvàt, non 60.000 hommes, évaluation libérale de M. Thiers et d’autres, mais 44.459 dont 21,032 manquants.

Le Moniteur du 13 prairial (1% juin 1802) parla de ces libelles imprimés tendant à avilir le gouvernement et à provoquer la révolte dans les armées, en les rapprochant habilement des appels à la résistance au Concordat émanant des évèques émigrés.

C'est ici que se place le récit dramatique du général Marbot : la conjuration allait éclater dans une revue à Rennes; elle avait pour elle les officiers supérieurs, sauf le chef de brigade Godart qui n'était pas même informé; mais nature fruste et simple, il suivrait les autres. On pourrait penser aussi qu'il avait été plus prudent de ne rien dire à l'homme dont les soldats avaient dispersé les Représentants au 19 brumaire. On pourrait dire encore qu'il n'avait pas été aussi négligé. Car Bernadotte avait pour lui des procédés pleins de cordialité. Plus tard, il a été raconté souvent dans la famille qu'ils avaient été camarades de lit ce serait à l’époque des combats autour de Maubeuge et de Charleroi, dans les hasards de la vie en campagne ou du séjour dans les hôpitaux. Enfin, Bernadotte fut parrain d’un de ses enfants.