Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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lacriviere à Saint-Jean des Abadeflas & Campredon. Notre colonne, qui marchait fur les hauteurs du côté d’Olot, eut de violens combats à foutenir, & nous arrivâmes à Saint-Jean des Abadeflas au moment que l'ennemi fe préfentait pour en chafler notre garnifon &c s’en emparer. Par tout ce que je voyais depuis mon départ de Ripoll, je jugeai facilement des obflaclés que nous allions trouver pour marcher fur Campredon. Je prévoyais que la füreté de nos convois tenait à la fermeté de l’avant-garde, & que fi malheureufement elle fe laiflait repouffer, cela pourrait jeter le défordre dans ma colonne, & par là nous livrer aux coups de l’ennemi. Etant donc arrivé à Saint-Jean des Abadeflas, je me mis à la tête de l'avant-garde; j'y fis marcher une piece de quatre & une de deux, & je donnai le commandement de la colonne à un général de brigade. Cette avant-garde était compo-

fée de cinq cents hommes au plus. . 162. Je conduifis à la hâte mon avant-garde du côté de Campredon: mais quand je fus à quelques pas de cette ville, je m'apperçus qu’elle était retombée au pouvoir des Efpagnols. Cette aventure malheureufe & incômpréhenfble ne nous découragea cependant pas; nous nous décidâmes de fuite à la conquérir une feconde fois. Sans attendre notre colonne, je me portai fur une buatte dominant la ville; l’impétuofité de notre atraque fut telle que l'ennemi n’eut pas le tems decomprer nos forces, 8 nous fimes évacuer Campredon à trois bataillons de ligne &r à une quantité de payfans armés, Ce n’eft qu'aprés