Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

2 Sa forte, mais non une vertu. Et les récompenses et les châtiments ? Il faut bannir ces mots de la morale. : .

De là une sorte de philosophie, pleine de commisération qui attache fortement aux bons, et qui n’irrite pas plus contre les méchants que contre un ouragan les yeux qu’il incommodede poussière. » On reconnaîtra sans peine ici, et jusque dans ses termes mêmes, la pensée de Diderot, telle qu'il l'exprime dans une lettre, que j'ai citée en son lieu ; c'est comme une lecon que le disciple répète d’après le maître, et dans la reproduction de laquelle il pousse même la fidélité, jusqu’à dire aussi que : « Quoique l’homme bienfaisant où malfaisant ne soit pas libre, il n’en est pas moins un être qu’on modifie ; et c'est par cette raison, qu'il faut détruire le malfaisant sur une place publique; car de là viennent les bons effets de l'exemple, des exhortations, des discours, de l'éducation, du plaisir, de la douleur, des grandeurs et de la misère. » Comme si de toutes ces choses, aucune pouvait se faire autrement que d’un être libre à un être également libre ; comme si pour enseigner, exhorter , persuader, gouverner, il ne fallait pas deux libertés, celle du maître et celle du disciple, celle de l'orateur et celle de Fauditeur, celle du souverain et celle du sujet! comme si toute action, toute impression morale ne supposait pas à ses deux termes, aux deux âmes qu’elle met en rapport, à celle dont elle procède comme à celle à: laquelle elle s'adresse, une faculté de se modifier et de se déterminer elles-mêmes, sans laquelle il n’y a de possible qu’une impression mécanique et une invincible nécessité.

Naigeon conclut sa dissertation par cette édifiante réflexion : « La plupart des hommes baïssent le méchant. Moi j'en aë