Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

pitié ; je n’approuve pas, j'excuse ; je me dis : qui sait ce que, dans les mêmes circonstances, je serais devenu ; élevé comme Caligula et Commode, j'aurais peut-être été aussi féroce, aussi fou. » Alors pourquoi plus tard sa colère contre Robespierre et les Décemvirs ? Il fallait simplement en avoir pitié.

Son dernier mot est celui-ci : « Voilà ce que j'avais à dire sur la doctrine très-chrétienne, mais très-peu philosophique de la liberté de l'homme. »

Mais la question capitale pour lui est toujours celle de l'existence et des attributs de Dieu ; sa grande affaire, dont le matérialisme et le fatalisme ne sont en quelque sorte que les accessoires, est toujours l’athéisme. Il y met tout son soin, ne perd aucune occasion, et ne néglige aucun moyen de le pousser et de le faire avancer.

Amené dans son article Campanella à dire que ce philosophe est plutôt un fanatique qu'un athée, il continue par cette remarque : « Il n'avait pas assez d'étoffe, pour être un athée, car il ne faut pas croire que tout le monde puisse se mettre au niveau de cette opinion ; c'est au contraire celle d'un très-petit nombre ; au lieu que la superstition, étant à la portée de tous les esprits, doit par là même être fort commune. En effet, pour avoir ce qu'on appelle de la religion, il ne faut ni instruction, ni lumières, ni raisonnement ; il suflit d'être paresseux, ignorant et crédule, et tous les hommes le sont plus ou moins ; mais pour être athée comme Hobbes, Spinosa, Bayle, Dumarsais, Helvétius, Diderot et quelques autres, il faut avoir beaucoup observé ef beaucoup réfléchi. »

Ailleurs à l’article Dumarsais, il met dans une note