Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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(il faut en général faire attention à des notes; c’est là, le plus souvent , qu'il marque le mieux son sentiment ; surtout quand il n’est pas l’auteur des articles, et qu'il n’en est que le commentateur), il met, dis-je, dans une note, ce qui suit: « Ceux qui savent que Dumarsais a été un des athées les plus fermes et les plus hardis, qu'il y ait jamais eu, seront sans doute étonnés de le voir consacrer ici deux dogmes de la religion chrétienne (Dieu et l'âme), dont l’absurdité lui est également démontrée, mais il faut se souvenir que ce philosophe avait, comme tous ceux qui pensent à peu près comme lui, sur ces matières, une doctrine publique et une doctrine secrète. » Dumarsais devait certainement être en particulière faveur auprès de Naigeon, pourn’en être pas traité plus sévèrement au sujet de sa double doctrine. Il est moins indulgent pour d’autres, pour Voltaire en particulier, auquel il reproche ailleurs , à propos du curé Meslier, de n'avoir parlé que de la première partie de son testament; ce qui lui fait dire : « A juger de Meslier d'après cette seule partie, il ne paraît qu'un déiste à la facon anglaise. Mais il a faitun pas de plus que les Anglais , et même un pas très-difficile; il était athée et c’est ce que Voltaire a cru devoir dissimuler. 11 pensait qu'il fallait laisser à la plupart des hommes, mais surtout aux rois et aux peuples, la croyance à un Dieu, qui punit et récompense. Selon lui l'athéisme pouvait être la doctrine secrète du philosophe, mais ne devait jamais faire partie de sa doctrine publique. Gette opinion qui ne Jui est pas particulière, mais dont il a été un des plus ardents défenseurs, ne soutiendrait pas un examen suivi et réfléchi. Elle peut offrir à un écrivain éloquent la matière de quelques belles pages :