Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

Il fait du curé Meslier cette citation trop fameuse : « Je voudrais , et ce sera le dernier de mes souhaits, comme le plus ardent, je voudrais que le dernier des rois fût étranglé avec les boyaux du dernier des prêtres ; » paroles, comme on sait, de Diderot, mais que des amis bienveillants assurent n'avoir pas été écrites par lui sérieusement, mais seulement pour montrer, par un excès de plaisanterie, il est vrai, bien hasardé , comment on pouvaitrépondre à des déclamations sans ménagement dans un sens , par des déclamations encore plus emportées dans un autre; mais paroles cependant que Naigeon ne prend pas, comme on va le voir, pour un jeu, caril a le courage de dire : « On écrira 40,000 ans , Si l'on veut, sur ce sujet, mais on ne produira jamais une pensée plus profonde, plus fortement conçue , et dont le ton et l'expression aient plus de vivacité, de précision et d'énergie. » Il n’y a point ici de réflexion à faire; les choses ont d'elles-mêmes leur langage; mais où fallait-il que les esprits en fussent venus pour que de tels propos , échappés à la véhémence d'une imagination sans frein , fussent accepiés et applaudis avec un si impassible fanatisme ?

Naigeon , je l'ai déjà dit, n'épargne pas d’Alembert , qu'il nomme pourtant son ami, ét il dit : « Pourquoi craindrai-je d'avouer d'un ami un tort que j'ai eu le courage de lui reprocher plusieurs fois, lorsqu'il vivait... D'Alembert a plus trahi la cause de la vérité par 10 ou 42 lignes de la préface des Eloges académiques, qu'il ne l'a servie par le recueil complet de ses Mélanges littéraires.» «II est triste, ajoute-t-il, qu'on puisse lui imputer d’avoir fait valoir, en faveur de la religion, des lieux communs, plus dignes d'un déclamateur que d'un philosophe. Il serait moins difficile