Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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ment dans l’ordre, relativement au tout, excepté que cet ordre n’est pas toujours celui de notre esprit; » … «car ce que nous appelons ordre n’est le plus souvent de notre part qu'une conception, qu'une vue particulière de notre entendement. Or c’est un principe incontestable, qui a même l'évidence d’un axiome, que notre pensée n'ajoute rien à ce que les objets sont en eux-mêmes: Cogitare tuum nihil ponit in re. »

Au fond, selon lui, il n'y a point d'ordre , d'ordre, du moins, comme nous l'entendons , au sein de l'univers, et celui que nous y supposons, en le regardant comme l’ouvrage d’une cause intelligente , n’est qu'une chimère. « Ceux qui ont adopté l'hypothèse d’une telle cause, dit-il, et des causes finales en général, ont fait intervenir Dieu dans l'action très-compliquée de la nature |, comme les anciens faisaient descendre Diane, Jupiter ou Hercule pour dénouer celle de leurs drames. Mais à mesure que l'art dramatique s’est perfectionné, les poètes ont senti le ridicule de faire arriver ainsi un Dieu par une machine, pour résoudre une action tragique. Il viendra de même un temps, où la nature mieux observée, et ses lois mieux connues, rendront les philosophes moins prodigues de la divinité et où cet être, le dernier argument et la dernière raison de l’ignorance, puisqu'on ne l’emploie jamais qu'après avoir épuisé la série des causes physiques, sera regardé comme une roue de luxe dans la machine du monde, et, par conséquent, comme un hors-d'œuvre et un double emploi. »

Voilà qui est clair, et en général, c'est un avantage que l'on à avec Naigeon, on n’a jamais rien à lui prêter, on n'a jamais à le pousser aux conséquences de ses principes, il sv