Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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porte de lui-même, et y va jusqu'au bout; il nelaisse, sous ce rapport, absolument rien à désirer.

S'il en fallait une nouvelle preuve, après toutes celles que j'en ai déjà données, je citerai encore ce passage, tiré de l'article Vanini: « En dernière analyse, ce qui résulte toujours de toutes ces définitions de Dieu, même les plus claires , c'est qu'il est un certain je ne sais qu'est-ce, qui a fait un certain je ne sais quoi, d'une certaine manière je ne sais comment. Tout ce qu'on a écrit de Dieu, depuis qu'on s'occupe de ces matières, n’en apprend pas davantage. Un enthousiaste, un fanatique tel que saint Paul, s'écrierait : O Altitudo. Mais le philosophe se rit de cette prétendue profondeur de la sagesse divine. Il fait des expériences, il observe, il calcule, il arrive à des résultats, qui le dispensent de perdre son temps à chercher ce que c’est que Dieu, s'il existe et ce qu'il est. »

Perdre son temps à rechercher ce que c’est que Dieu, n'est-ce pas bien là une expression en rapport avec cette roue de luxe dans la machine du monde, ce hors-d’œuvre et ce double emploi dont il est parlé plus haut? Mais voici peutêtre qui est plus fort que tout le reste. À l’article conseientaire où consciencieux, Naïgeon parle de Mathias Knuzen, espèce de Feuerbach anticipé, qui professe publiquement l'athéisme, à peu près, dit-il, comme Boindin et Dumarsais, sans cependant les valoir. Or, voici les propositions de Knuzen qu'il admet, explique avec faveur ou excuse avec complaisance : € Il n’y a point d'autre Dieu, d'autre religion, d'autre magistrature légitime que la conscience : au fond, il n'y à ni Dieu ni diable, et il ne faut point faire état des magistrats, des temples, ni des prêtres. À la place des ma-