Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

ES

gistrats et des prêtres, il y a la raison et la science, jointes à la conscience qui nous enseigne à vivre honnêtement, à ne nuire à personne, à rendre à chacun ce qui lui appartient; le mariage ne diffère pas de la fornication : il n’y a qu'une vie, celle-ci, après laquelle il n’y a ni peine ni récompense. » Et Naigeon cite en outre, et toujours dans le même esprit, une lettre de Knuzen, qui estun abrégé de sa doctrine, et dans laquelle, en parlant de luiet de ses sectateurs, qui sont à ce qu'il assure en grand nombre à Paris, à Amsterdam, à Leyde, en Angleterre, à Hambourg, à Copenhague, à Stockholm et même à Rome, il dit : « Nous nions Dieu, nous nous moquons des magistrats et nous rejetons les temples et les prêtres. »

Je n’insisterai pas ici sur tout ce que Naigeon professe au sujet du Christianisme ; on s'en fait sans peine une idée, et si l’on avait besoin, à cet égard, d'être édifié, on aurait qu'à lire, entre autres, son article sur le curé Meslier, du testament duquel il donne de si amples extraits. Mais je voudrais du moins montrer par un ou deux exemples , jusqu'à quel point, sur cette matière , 1] porte le rigorisme et combien il est diflicile à satisfaire.

Il admire beaucoup Bacon ; il trouve qu'il a devancé son siècle, et qu’il en à fait la gloire ; « mais, ajoute-til, lorsqu'il parle du christianisme qu'il n'avait pas examiné , il ne saitplusecerqu'iledit im 00 ARMEE tn dore

. Au reste, à l'époque même où nous vivons, la plupart de nos savants et gens de lettres, d'ailleurs bien inférieurs à Bacon, du côté de l'esprit, ne sont guère plus avancés que lui sous le rapport de la religion.

Pour un écrivain qui pense avec la hardiesse et la profondeur