Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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productions encore, ses Mémorres sur Diderot, et son antroduction à l'édition de Montaigne, et notre ingrate tâche sera achevée.

Les mémoires sur Diderot, qu'il composait en 1784, qu'il terminait en 4795, qu'il ne se croyait pas en mesure, quoique terminés, de publier en 1798, à la tête de l'édition des œuvres de son ami, ne parurent qu'en 4824.

Je n'en donnerai pas une analyse qui ne serait pas ici à sa place ; je me bornerai à en extraire ce qui a rapport à sa doctrine et peut y répandre quelque nouveau jour.

Il s’y montre, comme partout ailleurs, matérialiste et athée ; il m'en coûte de répéter ainsi ces mots; mais luimême me désavouerait, si je m'avisais de les éluder et de les lui épargner ; il les revendiquerait hautement. l

Matérialiste, il l’est lorsqu'il expose, développe, fait valoir et appuie de ses raisons la théoriede Diderot sur l'âme, telle que nous l’avons vue particulièrement dans son Entretien avec d'Alembert, et son rêve de d'Alembert. Négation de la distinction des deux substances ; affirmation de la matière comme siège et source de toutes nos facultés, par la sensibilité soit inerte et latente, soit active et manifeste, dont elle est douée; conception des fibres des organes, comme autant de cordes vibrantes et sensibles, qui forment par leur concert une sorte d'instrument, un éastrument philosophe, musicien et instrument tout ensemble ; hypothèse des différentes pièces de ce mécanisme, comme animées et vivant de leur vie propre, et formant en quelque sorte chacun à part un petitanimal dans le grand, qui n’est, par conséquent, qué plusieurs animaux mis en un; laquelle hypothèse étendue de l'homme à ce qui l'entoure, et de degré en degré à l'uni-