Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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critique fort sévère de la théorie que renférme le Traité des sensations, mise par lui fort au-dessous de celle de Diderot. Voici comment il s'exprime : « Comme cet auteur est, ainsi que Rousseau, un des saints du jour, auxquels on ne peut refuser une espèce de culte, sans entendre crier autour de soi : tolle, je ne doute pas que bien des gens ne regardent comme un blasphème le jugement que je porte ici de leur idole; mais je ne crains pas les injures de tous ces petits profonds, comme les appelait d’Alembert, dont tout le mérite se réduit à reproduire sous une autre forme et dans d’autres termes les opinions de Condillac. » Qui Naïgeon désigne-t-il par ces petits profonds, qui ne font que répéter Condillac? Je ne vois guère à citer que Gurat, qui ne l’aimait pas, et auquel sans doute il le rendait.

Je noterai également ce qu'il dit à l’occasion de l'abbé de Vauxelles, qu'il traite, non sans raison assez mal, et qui après avoir recherché les philosophes etmême un peu pensé comme eux, ne leur était pas demeuré fort fidèle, et avait en particulier avancé dans la préface de l'édition donnée par lui de l’entretien avec la maréchale de Broglie, que Diderot s'était laissé débaucher à la manie de l’athéisme : Naïigeon qui n'entend pas raillerie sur cette matière, et qui n'aime pas qu'on parle mal de Diderot, fait remarquer qu’il faut compter parmi les assertions fausses que s’est permises l'abbé de Vauxelles pour décrier Diderot, celle de sa maladie habituelle de disserter contre Dieu. « J'ai passé, dit-il, avec ce philosophe les vingt-huit dernières années de sa vie, je le voyais presque tous les jours, soït chez lui, soit dans des sociétés qui nous étaient communes. .................