Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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un autre siècle, l'homme de bien devrait encore se dire, avec le vieillard de la fable:

« Mes arrière-neveux me devront cet ombrage « Hé, bien! défendrez-vous au sage « De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ? « Cela même est un fruit que je goûte aujourd'hui. »

Naigeon, dans ce qui précède de cette introduction, à déjà touché à la religion, mais ce n'était qu'indirectement et en vue de la morale. Or , il n'était pas homme à se Contenter de cette seule atteinte ; aussi ne manque-t-il pas d'ajouter : « Les dogmes de la spiritualité et de l'immortalité de l'âme, dans quelque sens qu'ils aient été mventés et quelle que soit la célébrité de ceux qui les ont enseignés, sont toujours, aux yeux d'un philosophe digne de ce nom , le résultat, ou plutôt le bégaiement de la raison dans son enfine el RE DE

. L'âme est un de ces mols, qui, en dernière analyse où

décomposition, ne pouvant se résoudre en quelque image sensible , et trouver hors de notre esprit, un objet physique auquel ils se rattachent, sont absolument vides de sens. . . . Or, les dogmes de la spiritualité et de l'immortalité de l'âme une fois éliminés , en éliminent nécessairement beaucoup d'autres et simplifient extrêmement le Credo de ceux qui les nient. »

Il termine en se plaignant de ce qu'on ne rencontre pas encore contre tous les préjugés religieux indistinctement ce froid mépris, qu'ils méritent, et qu'ils inspirent à tout homme instruit, d’un jugement sain et qui fait quelque usage de ses CONNAISSANCES ; il pense que la haine théologi-