Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
20 MAT 1810. 273
avez attaché mon sort au sien; consolidez cette existence. Comme personne ne peut vous résister, si la Hollande périt, un de vos moins mauvais ouvrages périra, et la faute n’en peut être attribuée à moi, si cet état périt, parce que votre nom y a été attaché et peu de temps après qu'il lui à été soumis. Je chercherais vainement à pendre à V. M. la situation de ce royaume. La France ayant à présent avec lui des limites naturelles, on espérait qu'il n’y aurait aucun sujet de griefs ; cependant ils vont s’augmenter et se multiplier, si V. M. ne daigne y pourvoir. Les douaniers commencent à empêcher ou à gêner le commerce intérieur ; les stipulations du traité auxquelles on avait donné un sens conforme à ce que je demandais semblent être interprétées différemment aujourd’hui. Veuillez, Sire, jeter les yeux sur les demandes ci-jointes et décider favorablement en vertu de leur justesse et de la parole que M. le duc d’Otrante et le duc de Cadore m'ont presque donnée lors de la conclusion du traité. En me recommandant, moi et ce royaume, à la protection de V. M. je suis, Sire, de V. M. Let R. le très-affectionné et très-dévoué frère.
P.8S. La valeur des marchandises américaines est élevée à plus de huit millions de francs, entre quatre et cinq millions de florins.
* NAPOLÉON À Louis.
Ostende, 20 mai 1810.— Mon frère, j'ai reçu votre lettre du 16 mai. Dans la situation où nous sommes, il faut toujours parler franchement. Vous savez que j'ai souvent lu de vos pièces qui n'étaient pas faites pour être mises sous mes yeux. Je connais vos plus secrètes dispositions, et tout ce que vous me direz en contradiction ne sert de rien. Il ne faut pas parler de vos sentiments, de votre enfance ; l’expérience m'a appris à quoi je dois m’en tenir là-dessus. La Hollande est dans une situation fâcheuse, cela est vrai. Je conçois que vous désiriez en sortir, mais je suis surpris que vous vous adressiez à moi pour cela. Ce n’est pas moi qui y puis quelque chose; c’est vous et vous seul. Quand vous vous conduirez de manière à persuader aux Hollandais que vous agissez par mon inspiration, que toutes vos démarches, tous vos sentiments sont d’accord avec les miens, alors vous serez aimé et estimé, et vous acquerrez la consistance nécessaire pour reconstituer la Hollande. Cette illusion vous soutient encore un
peu. Le voyage que vous avez fait à Paris, votre retour et celui de 18