Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE LA BATAILLE D'IÉNA AU TRAITÉ DE TILSITT. XLVIT

qui auraient perdu l'État sans ressource. J’ai eu le bonheur de débrouiller ce chaos par la pureté et la constance de mes intentions. Je suis parvenu à être souffert par une nation qui fut de tout temps et est encore libérale, éclairée, courageuse et indépendante, d’une nation qui, véritable réunion d’abeilles, peut dans vingt-quatre heures changer de sol. Je croyais, en réunissant, en soutenant les intérêts de ce pays, justifier le choix de mon frère, la réputation de son élève et de son ami, et aujourd’hui j'ai la certitude que je me suis trompé, cruellement trompé. Cette pensée est affreuse; elle est surtout injuste, Sire, veuillez m’en croire. |

« Je n’ai rien fait pour les catholiques! Ah! Sire, combien d'années y a-t-il que je suis ici? Les êtres cruellement légers qui m’aliénent le cœur de mon frère auraient eu bien plus de raison de me critiquer, si j'eusse relevé les torches, heureusement éteintes, des discussions religieuses. Ont-ils oublié que ce pays combattit si longtemps les catholiques, qu'il ne doit son existence qu’à sa haine pour la royauté et le catholicisme, et n’aurais-je pas été plus insensé qu'aucun révolutionnaire du monde de commander à dix-huit cent mille âmes de penser comme les deux cent mille autres? $ire, catholique et aussi bon catholique qu’un autre, j'ai voulu, je veux imiter la tolérance de V. M. Cela est en mon pouvoir; et, sije parviens à gagner l'affection, la confiance de mes sujets, alors, mais alors seulement, ils feront, par condescendance pour moi, des avantages à ceux de ma religion, ce que je ne puis leur commander actuellement, puisque cela est contraire à ma promesse et à la loi qui m'a couronné.

« En ce qui regarde mes querelles avec la reine, Sire, c’est une fausseté insigne. Je n’en ai jamais eu. Le public n’en dit rien; mais ceux qui, n'ayant rien à faire près de moi, puisque j'ai le bonheur de correspondre directement avec vous, s’amu-