Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE LA BATAILLE D'IÉNA AU TRAITÉ DE TILSITT. XLIX

de la noblesse ne le satisfit pas. Il persistait à voir dans cet acte une tendance en opposition avec les principes de sa politique intérieure. C'était assurément s’exagérer les faits. Louis, en rendant ses titres à l’ancienne noblesse, titres que n’accompagnait aucun privilége, n’avait voulu, comme il disait, que la rallier plus sûrement à son gouvernement (1). Avant lui, Joseph, à Naples, avait fait la même chose. Napoléon luimême ne cherchait-il pas alors, par nombre de faveurs, à se concilier la vieille aristocratie française? A la vérité, il ne lui restituait point ses premiers titres et voulait la fondre dans la nouvelle noblesse qu’il avait commencé de créer et dont il allait prochainement régler l'institution (2). Mais Louis, en ajoutant de son côté, comme il le fit plus tard, une noblesse nouvelle à l’ancienne (3), devait corriger l'inconvénient qu'il y aurait eu de reconnaître exclusivement celle-ci. Au reste on eût dit que toute mesure, quelle qu’elle fût, dont Louis prenait l’initiative, dût déplaire à son frère, comme s’il n’eût eu le droit de rien décider de lui-même et qu’il fût tenu à ne bouger non plus qu’une « statue (4). » Dans le même temps où s’échangeaient ces explications, Napoléon apprenait que le roi venait de présenter au corps législatif une loi sur la régence (5). Admis le fait de l'établissement d’une royauté au maintien de laquelle il n’était pas alors plus déraisonnable de croire qu'à celui des autres royautés créées par Napoléon et

(1) Voir la lettre déjà citée de Napoléon à M. de Champagny du 7 septembre 1807, p. 124, note 1.

(2) En août 1807.

(3) Docum. histor., t. TIT, p. 42-45. Ce fut au mois de mars 1809 que Louis présenta au corps législatif une loi sur la noblesse, Cette loi reconnaissait l’ancienne noblesse, en même temps qu’elle en créait une nouvelle.

(4) Louis à Napoléon, 26 décembre 1807, p. 147.

@) Docum. histor., t. IT, p. 90. — C£. article 4 du traité du 24 mai 1806, Annexe n° 3.

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