Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

L NAPOLEON I: ET LE ROI LOUIS.

de la monarchie impériale elle-même, quoi de plus légitime que cette mesure, et l’un des premiers soins d’un gouvernement qui se fonde n’est-il pas de chercher à sauvegarder l’avenir? Des inquiétudes plus vives conçues par Louis sur sa santé, que tout un hiver passé sous le rude climat de la Hollande avait fort affaiblie, avaient pu concourir aux motifs qui lui suggérèrent cette démarche. Le 12 avril, il sollicitait de l’empereur l'autorisation d'aller passer plusieurs mois dans le midi, autorisation, disait-il, que son frère ne pouvait refuser « sans lui donner la mort (1). » Napoléon ne se demanda point à quel mobile avait obéi son frère en proposant cette loi. Le fait seul d’une telle proposition suffit à provoquer chez lui une nouvelle explosion de mécontentement; et sous cette impression, abordant tout à la fois la question du rétablissement de la noblesse, sur laquelle il venait de recevoir de plus amples informations, et celle qui concernait la régence, il dicta, dans un premier mouvement de colère, la lettre qu’on va lire :

« Mon frère, votre chancellerie donne à la noblesse ses anciens titres; vos chambellans, dans les invitations qu'ils font pour le palais, donnent à la noblesse ses anciens titres; les anciennes armoiries ont reparu. Mon intention est que vous donniez sur-le-champ l’ordre à vos chambellans de ne donner aucune espèce de titres. La Révolution s’est faite en Hollande par la France; conquise par la France, elle n’a été rendue à l'indépendance qu’à condition que le système d'égalité serait maintenu. En conséquence, je désire que vous fassiez expédier de nouvelles lettres de créance aux ministres auxquels vous avez donné des titres. Faites connaître en Hollande qu’il nya pas de protection à espérer de moi, si cet ordre de choses n’est

(1) Louis à Napoléon, 12 avril 1807, p. 108.