Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DU TRAITÉ DE TILSITT À LA BATAILLE DE WAGRAM. LY

continent contre le gouvernement Britannique, lui parut une occasion favorable pour exiger des pays soumis à l'influence de là France un redoublement de rigueurs. Écrivant, le 14 septembre 1807, à son frère, — lequel se trouvait alors à SaintLeu au retour d’un voyage de quelques mois dans le midi, — il le pressait de réitérer les ordres pour que les communications avec l'Angleterre fussent fermées de la manière la plus stricte, et lui représentait que, dans un moment où tout le monde était indigné contre cette puissance, les ménagements envers elle produiraient le plus mauvais effet. En même temps, il expédiait un courrier à la Haye pour se plaindre de la protection accordée au commerce anglais, et mandait au ministre du roi à Paris que, si cette protection continuait, il enverrait 3,000 Français en Hollande pour fermer les ports (1). Non content de ces déclarations, il faisait violer par sa police le territoire de son frère. Le 15 septembre, des gendarmes déguisés s’introduisaient par son ordre dans les villes frontières de Berg-op-Zoom et de Bréda, y enlevaient des habitants suspects de contrebande et les emmenaient en France. Napoléon jugeait cet acte de si peu de conséquence, qu'il n’hésita pas à en informer lui-même son frère, lorsque celui-ci traversa Paris pour regagner la Hollande. Il lui dit en riant de n'être pas surpris s’il apprenait que des gendarmes français fussent entrés sur son territoire pour punir les contrebandiers. € Au reste, ajouta-t-il, cela doit être fait à cette heure (2). » Étonné de cette communication, Louis quitta Paris en hâte et se rendit droit À Anvers, où il obtint la certitude d’un événement auquel il n'avait pas d’abord voulu croire. Il adressa aussitôt à l'empereur une lettre de protestation, où il redemandait avec

(1) Napoléon à Louis, 14 septembre 1807, et note, p. 124, (2) Docum. histor., t. IT, p. 111.