Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

LVI NAPOLÉON Ix ET LE ROI LOUIS.

émotion ses sujets ainsi ravis à leurs foyers et se plaignait de cet acte d'illégalité, disant qu'on n'avait pas le droit d'enlever des citoyens à leurs juges naturels et qu’il ne comprenait pas comment, au nom de son frère, on eût osé enfreindre des principes aussi sacrés (1).

À une protestation si légitime Napoléon ne répondit que par de nouveaux reproches sur l’inexécution de ses ordres et par des menaces nouvelles. Il prétendit que des marchands d’Amsterdam étaient partis quelques jours auparavant pour Londres par des bateaux; qu'à la dernière foire de Rotterdam, toutes les boutiques étaient remplies de marchandises anglaises dont aucune n’avait été saisie; que les Hollandais, tenus par les traités de n’avoir aucun commerce avec l'Angleterre, s’en montraient néanmoins les plus chauds partisans ; il déclarait enfin que, si les marchandises anglaises n'étaient pas arrêtées, surtout du côté de ses frontières, il enverrait en Hollande des colonnes mobiles pour les confisquer et en saisir les Dioprétaires (2). Quant aux habitants enlevés par sa police, il n'en disait mot (3). Ces malheureux, dont l’un était âgé de plus de soixante et dix ans, ne revirent leur patrie qu’au bout de plusieurs années (4). Profondément affecté de ces menaces et de ces accusations, Louis répliqua par une lettre où il laissa voir des sentiments qui dénotaient à quel point ces blâmes incessants fatiguaient sa résignation. Dans cette lettre, il disait qu'il faisait tout ce qui était possible pour l'exécution du blo-

(1) Louis à Napoléon, 22 septembre 1807, p. 126, 127.

(2) Napoléon à Louis, 29 septembre 1807, p. 128.

(3) Louis demanda, à quatre reprises, leur réintégration sur son territoire. (Lettres de Louis à tn, 22, 26 et 30 septembre 1807, et 3 mars 1808, p. 126, 128, 129, 161.) Le gouvernement français, au mois de mars 1808, proposait de rendre ces prisonniers moyennant une rançon de 50,000 florins.

(4) Docum. histor., t. II, p. 112.