Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

IX NAPOLÉON I+ ET LE ROI LOUIS.

ses véritables intentions. Dans une sorte de mémoire daté du 31 octobre 1807, il lui exposa franchement la situation du royaume. 1,800 :000 habitants avaient payé cette année plus de 120 à liens tournois en contributions ordinaires ou extraordinaires. Néanmoins, et À supposer l’armée et la marine réduites, il fallait, cette même année, trouver près de40 millions tournois pour combler le déficit. Depuis le mois de juin 1806, les intérêts s'étaient accrus de 5 millions de florins, ce qui représentait une augmentation, dans la dette publique, d’un capital de 200 millions tournois. Bloquée du côté de la mer, la Hollande trouvait encore des barrières élevées sur ses frontières continentales, puisqu'on lui interdisait de faire venir des grains de la Belgique, en sorte que le pain était payé à un taux énorme à la Haye pendant qu’il ne coûtait presque rien à Bruxelles. Si, dans cette situation, l’on continuait d'exiger un déploiement excessif des forces militaires, c’en était fait de la Hollande. Malgré les souffrances du blocus, l’empereur pouvait prolonger l'existence du pays en autorisant la réduction de l’armée, en prenant à sa charge la flottille hollandaise établie à Boulogne (1), en montrant de la confiance à son frère, en respectant son territoire, en relevant ainsi le crédit du roi dans la nation. Au commencement, les Hollandais avaient cru à la bienveillance de l’empereur pour son frère, et, jugeant que cette bienveillance profiterait à leur patrie, s'étaient attachés au roi et Tapprochés de la France. Mais à ces heureux sentiments avaient fait place par degrés la méfiance, le découragement, la crainte. Plus accablée que jamais, en dépit de ses sacrifices, la nation

(1) On voit, par ce détail, que Napoléon, qui laissait aux charges de son frère les troupes D établies en Hollande, refusait de prendre aux siennes les forces hollandaises dont il se servait dans ses ports.