Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DÜ TRAITÉ DE TILSITT A LA BATAILLE DE WAGRAM. zx

disait avant la bataille d’Iéna : « Après avoir organisé votre armée, ne la désorganisez pas. La paix n'est pas sûre. Voulezvous vous exposer à voir votre flotte prise et Amsterdam brûlé? Tenez votre armée sur un bon pied et n’allez pas économiser des miettes. 4 ou 5 millions de plus ou de moins ne peuvent changer la face de la Hollande, tandis que 15 ou 20,000 hommes de plus ou de moins peuvent la sauver ou la perdre. Quant aux troupes françaises, partez bien du principe que les troupes que j'envoie pour défendre la Hollande doivent être entretenues par la Hollande. Des finances, des troupes et de la sévérité à faire exécuter les lois, voilà les devoirs des rois. Laissez crier les marchands; croyez-vous que ceux de Bordeaux ne crient pas (1)? »

Napoléon, qui reprochait si vivement à Louis son défaut d'énergie, aurait-il pris lui-même aussi aisément son parti des « criailleries » des marchands, si la France eût été, comme la Hollande, une nation exclusivement commerçante? N’était-ce pas Eire preuve envers son frère d’une cruelle inconséquence que de continuer à lui imposer des charges écrasantes et, de lui dire que son premier devoir était d’avoir des finances? Plusieurs lettres écrites en ce sens par Napoléon et adressées coup sur coup au roi (2) produisirent sur l’esprit de celui-ci l'impression qu’on en devait attendre. Ne comprenant pas qu'il fût possible, sans un dessein caché, d'exiger d’un pays ruiné des sacrifices incessants et toujours plus coûteux, il demanda à l’empereur de lui avouer enfin

(1) Napoléon à Louis, 14, 23 et 25 octobre 1807, p. 132, 136, 137. Malgré ces pressantes recommandations, Louis opéra, par la suite, certaines réductions dans ses forces militaires. Fidèle à son principe de vivre au jour le jour, il diminuaït ses troupes dans les intervalles de paix, et recrutait en hâte quand la guerre se renouvelait. (2) Napoléon à Louis, 14, 23 et 25 octobre 1807, p. 132, 136, 137.