Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DU TRAITÉ DE TILSITT À LA BATAILLE DE WAGRAM. rxv

pas sur l’exécution de ces derniers ordres (1). Il fallut obéir; forcé d'accroître ses dépenses, Louis pria son frère de consentir du moins à lui avancer une somme de ‘quinze millions tournois (2). Napoléon ne donna point la somme ; mais, pour prix des nouveaux efforts qu’allait tenter la Hollande, il voulut bien prendre l'engagement, moins coûteux il est vrai, de lui faire restituer ses colonies, et en particulier la Guyane, à la paix générale (3). Louis, qui déjà se trouvait en face d'un déficit de vingt-quatre millions de florins, se vit obligé de recourir aux mêmes expédients dont il avait usé l'année précédente et dut ouvrir, dans son royaume, un emprunt de trente millions de florins (4). À l’époque où nous sommes arrivé dans le cours de ce récit, il y avait déjà six mois que les troupes françaises avaient pénétré pour la première fois en Espagne, préparant la révolution qui devait détrôner Charles IV. Or, quand on rapproche les diverses particularités qui marquèrent les rapports des deux frères depuis le traité de Tilsitt, quand on songe à ces exigences tyranniques et toujours renaissantes de Napoléon, à ces reproches cruels ou injurieux dont il accablait son frère sans que nul événement grave parût les justifier, à son silence enfin lorsque celui-ci, lui supposant des intentions se_crètes, le conjurait de s'expliquer, on se demande si, tout en obéissant aux besoins de sa politique générale, l'empereur ne nourrissait pas une arrière-pensée, qui eût été d'amener

(1) Napoléon à Louis, 17 et 18 février 1808, p. 152, 154 à 157.

(2) Louis à Napoléon, 14 février 1808, p. 153.

(3) Napoléon à Louis, 18 février 1808, p. 156, 157. — Docum. histor., t. II, p.291:

(4) Docum. histor., t. II, p. 2384 — Louis à Napoléon, 3 mars 1808, p. 160. Louis n'eut pas cette fois le succès qu'il avait obtenu en 1807: l'emprunt ne fut Couvert qu'aux deux tiers.