Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

LXIV NAPOLÉON I« ET LE ROI LOUIS.

après moi le reproche d’avoir trahi et qu'il soit ensuite moins malheureux. Il n’y a qu'une chose que je ne ferai jamais, c’est la banqueroute : elle est inutile, funeste même aux finances, à l'État, à moi et à votre nom (1). »

Cette fois, Napoléon rompit le silence. Mais croirait-on qu’il répondit à son frère en le complimentant sur l'état de ses finances qu’il ne jugeait pas, disait-il, € aussi satisfaisant, » et qui lui donnait l’agréable assurance que la Hollande pourrait désormais «€ faire face à ses affaires (2) »? N’était-ce pas se jouer de tous les sentiments que d’écraser un homme sous des reproches flétrissants, pour répondre ensuite par une plaisanterie à ses justes protestations? Napoléon n'avait point coutume de dire de vaines paroles. Ces compliments donnés sans raison sur la situation financière de la Hollande lui servirent de prétexte pour manifester de nouvelles exigences. On sait qu'une fois assuré de la paix continentale l'empereur se proposa d'imprimer à sa marine un développement considérable; ayant des flottes armées dans les ports de l'Italie, de la France et de la Hollande, tenant auprès de ces flottes des camps nombreux et redoutables, il voulait obliger l'Angleterre à disperser ses forces navales sur ces différents points, la frapper à l’improviste dans l'Inde ou à Londres même et la contraindre à négocier. Peu.de jours après avoir adressé à Louis les singuliers éloges dont nous avons parlé, il lui enjoignit d'établir une escadre de huit vaisseaux et de deux frégates au Texel, de tenir deux ou trois vaisseaux à l'embouchure de la Meuse, de réparer ses bâtiments avariés, d'achever ceux qui étaient en construction, signifiant par avance qu'il ne voulait ni de sz ni de mais et qu'il ne céderait

(1) Louis à Napoléon, 21 janvier 1808, p. 151, 152. (2) Napoléon à Louis, 26 janvier 1808, p. 152.