Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

LXXIV NAPOLÉON Iæ ET LE ROI LOUIS.

gard de son frère. Louis osa lui écrire que tant de souffrances imposées à la Hollande, loin de l’attacher à la France, ne faisaient qu'y gagner des partisans aux Anglais. «€ V. M. peut être persuadée d’une chose, c’est que plus mon gouvernement perd la confiance et le crédit, plus les regards se tournent vers l'Amérique et même vers l'Angleterre. Comme au temps des persécutions protestantes, on verra aujourd’hui les négociants et tout ce qui vaut quelque chose déserter le pays (1). > Sans prendre garde à ces justes observations, Napoléon répliqua que ce décret était mérité; qu'aucune des lois du blocus n’était exécutée; que plus de cent bâtiments passaient par mois de Hollande en Angleterre, et que tous les jours des particuliers en revenaient (2). Pour faire preuve de bon vouloir, Louis rendit de son côté un arrêté qui prescrivait de nouvelles rigueurs contre la fraude (3). L'empereur suspendit son décret. Mais à peine Louis l’avait-il remercié de ce relâchement de sévérité, qu'il apprenait que cette suspension était révoquée (4). Le décret du 16 septembre fut même aggravé dans ses effets. On ferma à la Hollande non-seulement le territoire de l'empire, mais les parties de l'Allemagne occupées par les troupes françaises (5), en sorte que ce malheureux pays, déjà bloqué par mer, se vit en outre bloqué sur le continent.

Vainement Louis multipliait-il les ordres dans son royaume et rendait-il arrêté sur arrêté (6) pour satisfaire aux exigences de l'empereur. Alors même qu'insensible aux souffrances de la

(1) Loxis à Napoléon, 28 septembre 1808 , p. 188.

(2) Napoléon à Louis, 12 octobre 1808, p. 189.

(3) Docum. histor., t. IT, p. 310, 311.

(4) Louis à Napoléon, 16 décembre 1808, p. 190.

(5) Ceci résulte d’une lettre écrite par Louis, vers la fin de 1808, à l'amiral Ver Huell.

(6) Voy. Docum. histor., t. II, p. 310, 311 ; 414-418 ; et t. IIT, p. 55-62.