Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DU TRAITÉ DE TILSITT A LA BATAILLE DE WAGRAM. xx population, il eût apporté une vigueur entière et persévérante à l'exécution du blocus, il n’eût réussi qu’à demi. Privé de la plus grande partie de ses troupes que Napoléon persistait à garder en Allemagne, il ne disposait que de moyens de police insuffisants (1); d’un autre côté, ainsi que nous l’avons dit, dans un pays disposé géographiquement comme l'était la Hollande et dont les habitants, vivant de pêche et de commerce, se sentaient poussés par la nécessité à enfreindre les règlements, la contrebande devenait inévitable. € Empêchez donc la peau de transpirer, » disait Louis à cette occasion (2). Les tribunaux, les ministres mêmes du royaume se faisaient les complices de ces infractions (3). Pour peu qu’à l'exemple de la France Louis apportât à ses arrêtés quelque atténuation provisoire et délivrât des licences particulières à certains bâtiments, on abusait de sa tolérance pour en étendre les effets au delà de ses intentions. En outre, des tiraillements répétés, voire des dissentiments entreles autorités locales, nuisaient à l'exécution de ses ordres. L'unité d'administration qu’en 1795 on avait voulu substituer à l’ancien fédéralisme et que Louis, après le directoire et le grand-pensionnaire, s'était à son tour efforcé d’introduire, était loin d’être complète (4). « On n’est pas roi, quand on ne sait pas se faire obéir-chez soi, » écrivait Napoléon (5). Mais lui-même, avec sa toute-puissance, ne savait

(1) Louis à Napoléon, 20 août 1808, p. 180.

(2) Docum. histor., t. I, p. 273.

(3) Ce fait ressort de certainés lettres adressées par Louis à ses ministres.

(4) En septembre 1804, M. Gogel, ministre des finances en Hollande, écrivait : « Ilest certain que l’ordre de choses actuel ne peut durer, qu'il s'écroulera de luimême, ne serait-ce que par le choc des pouvoirs respectifs. Les refus d’obéissance des administrations départementales se multiplient de jour en jour. Rien ne marche qu’en se heurtant. » (Archives nationales.)

(5) Napoléon à Louis, 29 septembre 1807, p. 128.