Oeuvres diverses

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avec plus de folie que d’héroïsme. Ce suicide n’a dé comparable que la foi des masses victorieuses à la parole toujours faussée de leurs ennemis. De la part des héros de Machiavel, tout serment est un parjure, toute transaction un guet-apens. Les aristocraties ne se croient pas plus liées envers les vilains que les chrétiens envers les hérétiques. |

Le peuple ne doit pas déposer les armes avant que les castes oppressives ne soient anéantics et assimilées ; toute hésitation en pareil cas est un désastre. Les Jacques avaient un chef, Charles le Mauvais l’appelle à une entrevue, le fait saisir et jeter au supplice couronné d’un diadème de fer rougi. Le chef détruit, on eut facilement raison des soldats. Les deux cent mille paysans de Munster, levés pour la liberté de conscience et l'égalité, étaient maîtres de l’Allemagne. Tout à coup des idées de conciliation prévalent dans leur conseil. On écarte les violents et les compromis, dans l'espoir de se rallier la petite noblesse. Le commandement en est confié à un traitre, Gœtz de Berlichingen à la main de fer, si malencontreusement chanté par Gœthe. Aussitôt, protestants, catholiques, évêques et landgraves, Luther et Guise, s'unissent contre la premitre entrée en scène de la Révolution. Surpris, livrés, en proie au désespoir, les paysans essuient défaites sur défaites et, comme la besogne ne marchait pas assez vite, un de ces Guise, artiste en Saint-Barthélemy, propose une trêve. On la jure, on dépose les armes ; et les Lorrains massacrent à leur aise une multitude sans défense. Dix mille hommes sont égorgés à Saverne, vingt mille ailleurs. L'Alsace fut baignée de sang.

Venons à des blessures plus récentes. La Révolution avait trouvé sa formule : « Guerre à Dieu », lorsque le Comité de Salut publie se fit le champion du passé. Refoulés dans leur philosophie et dans leur politique, entamés par l’incarcération de Clootz, les Hébertistes