Oeuvres diverses

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voilent d’un crêpe le tableau des lois et se mettent en insurrection. L'affaire était grave. Contrarié par cette incartade soudaine, le Comité de Salut public offre le baiser de paix aux Cordeliers et enlève ce voile d’alarme jeté à l'encontre de ses entreprises. Deux jours après, les têtes d'Hébert, de Clootz, de Ronsin tombent sur l’échafaud, Chaumette les suit de près, et Pache, arrêté, ne sort de prison qu'après Thermidor. La Révolution décapitée et repentante fait son acte de contrition au Père Eternel et recule bientôt jusqu’à César.

Mêmes péripéties en 1848. Trompé par des traitres, le peuple de Février se livre à la sentimentalité et à la poésie, abandonne la proie pour l'ombre ! Il offre trois mois de misère, s'amuse avec un ministère du progrès et abolit pompeusement la peine de mort. Quatre mois après la fusillade le secoue dans son rêve. Les vainqueurs de Février deviennent les vaincus de Juin. La bourgeoisie se venge de ses terreurs sur un prolétariat imbécile et Constantin reparaît avec ses hordes jésuitiques. Et qu’on ne s’en prenne pas ici à la réaction ; elle a fait son métier. Je n’accuse que la sottise et l’impéritie des Révolutionnaires.

Qu'ils le sachent bien, la défaite n’est pas seulement la souffrance, l'arrêt du progrès, le recul de la civilisation ; c’est encore l’avilissement et l’opprobre, la moquerie et l’outrage. Puisse le Væ Victis retentir sans cesse à leurs oreilles !

Le Droit ne peut vaincre qu’à deux conditions : faire appel à la Force et ne jamais traiter avec les aristocrates. Il est bien étrange qu'on soit obligé de démontrer des vérités aussi palpables, imprimées à coups de hallebarde et de poignard dans les chairs de-l’Humanité. C’est que le despotisme vainqueur règne parmi nous, non seulement par ses prétoriens et ses cours prévô-