Oeuvres diverses

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tales, mais par ses sophismes et sés sycopliantes. « Persuadez, dit-il d’une voix mielleuse, par la puis« sance des arguments. Vous êtes le Droit, vous avez « foi dans vos idées : eh bien, tâchez de nous con« Vaincre. » — Oui, persuadez avec le bâillon aux dents, avec la plume brisée, avec les poings enchainés. Persuadez au lion de lâcher la gazelle pantelante, à l’épervier d'ouvrir ses serres au passereau, à l’Inquisition de rendre sa proie. Trêve de dérision et de mensonges ! Les pétitions de la liberté ne se portent qu’au bout de cent mille baïonnettes.

« Le progrès, répètent les Sénîques officiels, est « une force lente et irrésistible qui marche seule, « vient à son heure et ne peut qu'être compromise par « l’impatience des tentatives prématurées. » Oui-dà, votre râtelier est fourni, messieurs. Lente, nous ne le savons que trop, srrésistible, quand nous le voudrons. Nous repoussons avec l’histoire votre dégradant fatalisme débité par des fourbes pour l’encouragement des lâches.

Le progrès, dont vous faites une sorte de petit zéphyr continu, nous le sentons dans nos veines, dans nos esprits, dans les conquêtes de nos pires ; il marche par bonds comme le lion du désert. Il suffit que le peuple ait la formule de ses aspirations et la conscience de sa force. Derrière la digue élevée par l’aristocratie, monte le flot des mistres, des souffrances, jusqu'au moment où la mer déborde dans une convulsion suprême, et entraîne palais et casernes, églises et chàteaux. |

« Mais, objecte Pangloss, vos révolutions sont sui« vies de réactions épouvantables, tandis que mon « progrès est lent et irrésistible... » — Oui, oui, un petit clystère bénin, bénin.. Pangloss confond les termes. Ce qu’on appelle la Réaction a été jusqu'ici l’état normal. C’est la Révolution qui réagit et qui réagit jus-