Oeuvres diverses

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Il faut donc que le droit use de la force, non pas seulement pour obtenir, mais aussi pour consolider son triomphe ; surtout qu’il n’aille pas se perdre sur l’écueil des justes et des forts : la générosité. Au lendemain d’une victoire durement achetée, il faut que l’athéisme déracine les cultes, sous peine de retomber lui-même en proscription ; il faut que la science fasse de tout homme un champion, si elle ne veut lavoir pour adversaire ; il faut que le Prolétariat abolisse l'exploitation bourgeoise pour sortir du servage et en délivrer ses enfants ; il faut, en un mot, que la Révolution soit à Cayenne ou à l'Hôtel de Ville, au Capitole ou au bas de la roche Tarpéienne : tel est l’arrêt du sens commun.

Il y a moins de courage et de difficulté à subir l'oppression qu'à la détruire, et malheureusement la démocratie n’a ni l'expérience, ni le tempérament de la force. Elle ne s’en sert résolument que contre ellemême. L’avortement de 93 et de 48 en est la preuve. Les idées mêmes que les Montagnards croient combattre les possèdent à leur insu, leur mettent l'arme à la main contre des compagnons plus logiques, et les précipitent dans l’abîime. La Convention, tant vantée, n’est qu'une assemblée de brutes tremblantes, qui frappent à droite et à gauche sur un signe des plus forts, Royalistes et Révolutionnaires, et cherchent refuge dans le plus abject servilisme. Son déisme aveugle la met bien au-dessous de certaines Diètes qui, du moins, ont aboli le catholicisme. Après avoir condamné Louis XVI et la Gironde, elle décrète la tyrannie du Comité de Salut public et le supplice des apôtres de la Raison. Elle n'avait qu’un mot à dire pour rompre sans retour avec le passé ; sa pusillanimité nous a légué tous les maux qui nous accablent encore, et son œuvre est à refaire. Le Comité, brutale expression de cette triste assemblée, sacrifia aux menées ambitieuses la