Oeuvres diverses, page 227
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Denfert, Charette lui-même ont démenti le glorieux et honnête M. Thiers. Retenus par la discipline et la réserve militaires, ils n’ont pas osé rompre en visière avec le chef de l'exécutif. Au scrutin, ils ont manifesté les sentiments de leur âme. Quant à Charette, ne voulant pas marcher à l'encontre de son parti, il donna sa démission, protestant ainsi contre une paix qu'il subit comme monarchiste, mais déplore comme patriote et comme soldat. — Charette s’est battu en héros dans les combats devant Orléans.
Ces gémissements et ces défis théâtraux de M. Thiers n'étaient que piperie et papelardise. On l’a entendu lui, l'avocat de notre impuissance et de notre infériorité militaires, venir roucouler à ses réacteurs tremblants : « Messieurs, vous pouvez vous rendre en toute sécurité « à Versailles, j'y rassemble un corps de cinquante « mille hommes d’élite. Je puis détacher trente mille « hommes de l’armée du Nord et faire venir du monde « à volonté de l’armée de la Loire. »
Désarmés devant l'étranger, ces aimables philanthropes trouvent des légions sans nombre pour l’égorgement populaire. Paris saigné et désarmé, on verra sortir de leur manche le plébiscite royaliste avee un rejeton de Louis-Philippe. Les vieux gobelets sont remis à neuf et chacun s’est distribué les rôles.
Favoue, citoyens, qu’en voyant une Assemblée, prétendue française, sanctionner de pareils crimes et voter le démembrement et la ruine du pays; qu’en entendant ces hommes vendre à Bismarck no$ frères d’Alsace et de Lorraine, et par leurs cinq milliards engager, pour un temps indéfini, la vie et le travail de vos enfants, j'ai voulu, à tout prix, sortir de cette enceinte maudite. Jai eru ne pas pouvoir rester une minute de plus au milieu d’une députation qui venait de porter à la France un coup plus meurtrier que dix défaites. Je ne me suis pas cru en droit de laisser sortir
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