Oeuvres diverses, page 234

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pastiche de Boucher. La jeune vestale qu’il nous présente galamment par la main n’est autre que l’ordre, cynique et effrontée vieille, reste impur des temples et des portiques; sa religion dite naturelle n’est qu'un fétide amalgame de tous les détritus religieux; de dieux et de dogmes meurtris en un horrible mélange. Sous le fard et le plâtre, les faux cheveux, les fausses dents et le faux sourire, reconnaissez-vous, enveloppée de ses bandelettes, la momie de Proclus déterrée par les jésuites, rhabillée par les soins de M. Simon, à la mode du dix-neuvième siècle? Cet infatigable cavalier veut même donner la raison pour servante et pour entremetteuse à ce squelette vermoulu que se disputent les vers. Ecoutez-le : « Parlons maintenant des philosophes « qui ne reconnaissent d’autre autorité que celle de la « raison. Ceux-là se divisent en deux classes. Les uns, « parmi lesquels je me range, croient la forme religieuse « et la forme philosophique destinées à être toujours « séparées et à subsister toujours indépendantes l’une « de l’autre, parce qu’elles répondent à deux besoins « différents, mais réels de la nature humaine. »

Halte-là, maître Jacques, je vous saisis au collet sans vous laisser le temps de passer votre robe de philosophe ou votre souquenille de prêtre.

Comment, il y a deux vérités et deux erreurs, pourquoi pas deux morales? Le blanc est noir, les ténèbres lumières ; une lutte plus furieuse que la lutte persique d’Ormuzd et d’Arrhimane divise le monde; la science dit oui, la théologie non ; l’une affirme la vie, le progrès, la pensée que l’autre nie et renie; et toutes deux ont raison. La foi traque la science, brüle, tenaille, égorge, déchiquête ses disciples, anathématise toute civilisation, toute découverte, sacrifie l’homme, l'univers, l'humanité (aux pieds d’une entité hypothétique), et ces deux ennemis acharnés répondent à deux besoins différents, mais très réels, de la nature

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