Oeuvres diverses, page 235

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humaine, besoin de haine, de meurtre et d'hypocrisie d'une part, besoin de paix et d'amour de l’autre. Vous conciliez le bûcher et Servet, la roue et Labarre, GaliJée et l'Inquisition, l’Encyclique et la liberté. Bravo! bien verbiagé, sophiste ! Tu n’ignores pas quel est ici l'usurpateur et le véritable maître de la maison; et tu dois rendre, à contre-cœur il est vrai, quelque hommage aux} derniers succès de la science qui te permettent de la souffleter dans ces tristes pages. Lorsqu'il s’agit de vie ou de mort pour l'humanité, vouloir paraître impartial, c’est trahir.

Laisse donc tout cet attirail inutile, masque, et... montre-nous ton Dieu, que nous examinions ses lettres de créance.

« On a fait un grand nombre de démonstrations de « l'existence de Dieu, la plupart irréfutables (1); sont« elles utiles ? On peut en douter. Dans le fond il y a « bien peu d’athées, si même il y en a (2). On oublie « Dieu, on se fait de lui des idées fausses, mais on ne « peut le nier. Il suffit d'ouvrir les yeux, le monde « parle, ou, mieux encore, il suffit de penser; car notre « raison, en se développant, s’élève vers Dieu comme « par une force invincible. A défaut de ma raison, mox « cœur est tout plein de lui. Je ne puis souffrir, je ne « puis être heureux sans retrouver en moi le sentiment « de sa présence. Il est mon soutien et mon espoir, le « fondement de ma raison, l’étoile de mon amour et de « ma volonté ! Mais si je le connais par ses bienfaits et « par ses promesses, je ne puis le connaître dans son «essence même. La nature de l'infini échappe à mon « intelligence imparfaite. Dieu m'a fait pour tendre tou-

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(1) On ne peut réfuter ce qui n'existe pas, ce qui n'est pas prouvé.

(2) Quel doute. Du moment que M. Jules Simon ne voit pas l’athéisme, ilest de force à croire en Dieu.