Oeuvres diverses

ET

des oasis pleines d’ombrage et de repos ; mais voici le désert et le simoun. La caravane s’arrête. Le port ne sera pas atteint, parce qu’il faudrait braver la tempête. Malheur au combattant dont l'habit est couvert de poussière, Pépée rougie et le bouclier faussé! Gloire aux madones d’armoire, aux dieux de portique et aux grands hommes de galerie !... J’aime mieux Théroigne de Méricourt. Qui nous délivrera de ces orgueilleuses abstractions, Credo de l’immobilisme ? La Liberté est de chair et d'os. Elle vit et souffre depuis des siècles au milieu de nous. Si elle n’est pas tout à fait aussi pure que la Circassienne élevée pour le harem du pacha, ou que la fille bourgeoise enfermée à grands frais dans un couvent, à qui la faute? Elle sort à peine des cachots de l’Inquisition, la Liberté! Elle a été tenaillée, déchirée, violée par tous les tyrans et tous les fourbes. Des mains im- | pures ont arraché sa tunique. Sextus s’est encore roulé . sur le corps de Lucrèce; et, lorsque la malheureuse captive se débat entre les bras des satrapes ct vous tend ses mains suppliantes, vous répondez pudiquement : « Croupis dans la honte, prostituée ; tu n’es pas notre® «idéal. » La Révolution apportait à tous la paix, la fraternité, l’honneur ; elle dit aux nobles et aux prêtres : « Quittez : « vos titres iniques pour le titre plus beau de citoyen; « reslituez vos biens injustement détenus, afin qu’il n’y « ait plus de maîtres ni d'esclaves et que vous formiez « tous un peuple de frères. » Ils ont répondu par le poignard. Que de fois la Révolution n'a-t-elle pas ouvert ses bras à ces perfides? Que de fois n’a-t-elle pas pardonné? Ils se relevaient pour la frapper par derrière. Elle eut enfin pitié du peuple.

Où sont les coupables ? Parmi les privilégiés, défenseurs jusqu’à la mort de droits acquis par la fraude, ou