Oeuvres diverses

sont jetés au fond d’une fosse, et, lorsque les bleus arrivent, ils aperçoivent sortant de terre une main dont les doigts crispés serrent une touffe d'herbes. Partout où se produit le mouvement pudique et religieux, les soldats sont rôtis dans des fours, enfilés par une corde en chapelets vivants, poignardés sur lPautel après la messe, cloués aux portes des églises. « Assez! » criez-vous. Oui ! vos nerfs tressaillent, votre chair se révolte. Tant mieux si vous souffrez! les victimes aussi ont souffert.

De quelle colère ne devaient point bouillonner les cœurs patriotes à ces lugubres nouvelles ? Quelle pitié méritaient de pareils monstres ? Ils s'étaient mis hors l'humanité, et la foudre révolutionnaire tomba sur leurs têtes. Le Comité de salut public donne l’ordre de détruire les repaires des brigands ; les généraux l’exéeutent. Rien de moins semblable aux boucheries sacrées que ces rigueurs inévitables de la guerre civile; et il faut de la bonne volonté pour associer les granges vendéennes à l’albigeoise Béziers (1). Bouchotte écrit à Santerre d’épargner les villes où les républicains sont en majorité; ct des indemnités sont accordées à ces malheureux.

Qu'elle serait belle si elle s'était laissé égorger, la République! Qu'elle serait belle, pâle dans l'ombre avec sa plaie au sein, sur les dalles de la Morgue ! C’est

(1) Un moderne père de l’Église, l'honorable Éric Isoard, accuse les républicains d’avoir traité Chollet comme Béziers le fut par les croisés de Mont'ort. — Chollet n’a été brûlé que deux fois, savoir : en 1794, par le catholique Stofflet, garde-chasseet général vendéen ; et en 1864, dans le Journal des Écoles, par le très catholique Eric Isoard, le même qui dans le Phare de la Loire, toujours en 1864, a tue Lepelletier de Saint-Fargeau d’un coup de pistolet. Que dira de ce meurtre, dans l'autre monde, le garde du corps de Pàris, qui s'imaginait avoir passé son sabre à travers la poitrine du pauvre conventionnel ?