Oeuvres diverses

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champion de l’opprimé, du pauvre, et son sang mouille le sol républicain où il était venu chercher l’hospitalité. Malédiction sur ce sinistre pontife de l’Etre suprême qui a souillé d’un tel crime notre foyer, et immolé la victime innocente sur l’autel de Tauride ! Hébert fut l’ami et le compagnon de ces hommes : voilà sa justification et sa gloire. Ils ne se sont point séparés dans la vie, ne les séparez point dans la mort. Clootz proclamait de sa parole la plus vibrante, de son geste le plus inspiré, les principes d'humanité et de justice ; Chaumette les mettait en pratique, et Hébert les inculquait au peuple sous la seule forme laissée ouverte par l'influence cléricale et royaliste. Dans son histoire de la Révolution, si élevée et si vraie de point de vue, mais parfois si légère d’appréciations, M. Michelet ne rend point aux Hébertistes toute la justice qu’on était en droit d’attendre de lui. Permis aux Louis Blanc, aux Thiers, aux Gabourd, de méconnaitre ce mouvement fécond, mais non à M. Michelet. Après avoir pendant trois volumes flagellé indistinetement Hébert et Chaumette, le plus voyant de nos historiens s’est aperçu enfin qu’il bâtonnait des amis. Aussi, faisant amende honorable envers Chaumette, dans les pages les plus touchantes de ses deux derniers volumes, M. Michelet se fonde sur l’hypothèse arbitraire d’un dissentiment entre Anaxagoras et Hébert pour refuser à ce dernier toute réparation. C’est une pure fantaisie. Chaumette n’a jamais séparé sa cause de celle de ses amis, lui qui se présente tant de fois à la postérité dans ces simples paroles : « Hébert et moi, » el la lecture du Père Duechesne, la conduite d'Hébert à la Commune en l'absence de son chef, tout démontre invinciblement leur communauté d’action et de pensée. Quand Robespierre, marchant à grands pas vers une sorte de papauté, exécuta ses variations sur le motif de la liberté des cultes ; lorsqu'il lança lexcom-