Oeuvres diverses

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qu'on voudra ; il n’y eut jamais apostasie ni trahison. Au mois de février 94, quelques jours avant son arrestation, la tête sous le couperet, Hébert profite de la fête célébrée dans le temple de la Raison, en réjouissance de l’abolition de lesclavage, pour faire encore un courageux panégyrique de son ami et collègue Chaumette. Il espère que les citoyens oublieront un instant d'erreur au souvenir de tant de services, et adjure « tous les républicains de continuer à ne recon« naître d'autre culte que celui de la liberté et de « l'égalité, en dépit des cagots et des intrigants qui « cherchent à se raccrocher aux branches pour trom« per le peuple et l’égarer. » Cette finale devait sonner assez désagréablement à certaines oreilles.

Comment donc expliquer ce parti pris de dénigrement de la part d’un écrivain tel que M. Michelet? La répugnance instinetiye d’une nature délicate pour le style du Père Duchesne aurait-elle dicté ses jugements sur l’homme et sur l’œuvre ? Ce serait, en vérité, trop sacrifier le fond à la forme. Un peu d’indulgence, illustre historien. Votre plume n’est qu’à vous. Celle d'Hébert crache un peu, c’est vrai; mais ne refusez pas de voir qu’elle a servi à sa manière la cause défendue aujourd’huiavec tantde verdeur par votre incomparable talent.

La génération présente a traité les Hébertistes à la façon du tribunal révolutionnaire; elle les a condamnés sans les entendre, sur les dépositions de leurs adversaires. Il faut reviser tous ses procès brusqués qu’on s'efforce de rendre définitifs. La vérité est tellement puissante qu'elle arrache même à la haine des aveux singuliers. Le remords perce sous l’outrage.

Le panégyriste de Louis XVIIT, Paganel, après avoir écrit ceci : « Tout espoir de préserver la République « d’une sanglante anarchie et le peuple francais de la « plus avilissante dégradation s’évanouit sans retour, « quand Hébert put à son gré travestir en indécentes